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Cédric Quignon-Fleuret : «Prendre du plaisir, c’est compliqué» Abonnés
Le 24 juillet 2024
Psychologue du sport, Cédric Quignon-Fleuret a exercé dans plusieurs clubs pros, Bordeaux, Lausanne, AS Monaco… Aujourd’hui, il est consultant pour l’AS Monaco Basket. Il nous donne rendez-vous au bord de la Méditerranée, entre deux matchs de la finale de play-off – finalement remportée par son club. Le soleil brille, la brise souffle sur cette terrasse ombragée de Menton. Le moment est idéal pour parler football, plaisir et… souffrance.
Cédric Quignon-Fleuret : «Prendre du plaisir,  c’est compliqué»

Il y a quelque chose de bizarre dans le sport de haut niveau, en particulier dans le football : l’univers de la performance est lié à l’effort, à la souffrance, au dépassement de soi, mais on est maintenant sommé de répondre à une injonction moderne, « prendre du plaisir ». On entend de plus en plus ce mot dans la bouche des entraîneurs, des joueurs, des dirigeants. Qu’est-ce qui l’emporte chez les joueurs, le plaisir ou la souffrance ?

Cédric : Je ne le vois pas comme un paradoxe. Pour l’athlète, il y a une forme d’acceptation d’un certain degré de souffrance inhérente à la pratique du sport de haut niveau. Le sport de haut niveau, c’est l’équilibre entre plaisir et souffrance. On n’est jamais très loin de la fracture. À quel point faut-il écouter la douleur ? À quel point certaines douleurs sont-elles normalisées et d’autres m’interpellent-elles au niveau du corps ou du psychisme ? Quand on creuse les histoires de vie, le paradoxe, c’est qu’énormément de parcours sportifs réussis sont semés de souffrance. Mike Tyson en donne une bonne définition : « La capacité à être performant, c’est arriver à prendre beaucoup de plaisir dans quelque chose que tu n’aimes pas faire. »

Le plaisir psychique serait lié à la souffrance physique ? C’est la définition du masochisme, ça…

Cédric : La performance est inscrite dans l’ambivalence. Je dois prendre du plaisir dans ce qui me fait souffrir, répéter des situations qui ne me plaisent pas. Mais il faut maintenir le plaisir pour maintenir la motivation. La carotte, c’est la performance, prendre du plaisir à bien faire les choses. Si je dois courir une heure et que j’ai couru 1 h 10, je n’ai pas la même satisfaction que si j’ai couru 40 minutes. Les sportifs, c’est pareil....

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