J’ai beau être un ­Marseillais pur jus (du centre-ville) et n’avoir aucune origine africaine, la Coupe d’Afrique des nations, c’est un événement important de ma saison de foot. Je n’en ai raté aucune depuis 2000. Alors oui, comme tout le monde, elle m’a fait transpirer quand je l’ai vu savonner la planche de mon club. Où aurait fini l’OM de Bielsa sans la blessure de Nkoulou avec le Cameroun à la CAN 2014 ? Mais ça fait partie du jeu. Je suis bien content de l’avoir dans mon calendrier. C’est une belle dose de football alternatif. Un peu comme le fan de rugby à XV apprécie les oppositions à XIII.

La CAN a ses propres codes, sa propre ambiance et son propre filtre télévisuel, loin des standards de la Premier League. La pelouse n’est pas tondue de la même manière et, vu d’ici, c’est sûr, le ballon ne pèse pas le même poids. Mais tant mieux. Toute l’année, on consomme du football avec nos certitudes, notre idée de la méritocratie pour composer un onze, nos préceptes de jeu collectif et de starification des joueurs clés. En janvier, la CAN arrive et fout un bon coup de pied là-dedans. Il faut vraiment suivre une sélection de près pour comprendre la logique sportive et la constitution de certains groupes. On peut toujours, au passage, s’inventer une vie de Lion indomptable ou de la Téranga. Ou alors, plus simplement, s’amuser de toutes ces particularités pour aller à l’essentiel : le mental. 

Ce qui se passe dans la tête, c’est ce qui fait la beauté du sport. En boxe, en aviron, en padel, ce sont toujours deux camps qui s’affrontent, connaissent les règles du jeu à l’avance et savent les exécuter à la perfection. Mais à la fin, c’est toujours celui qui en veut...