Mercredi 18 mai 1994. Silvio Berlusconi est l’homme le plus heureux d’Italie. Et le plus puissant. Au stade Olympique d’Athènes, son Milan est en train d’écraser Barcelone en finale de Champions League (4-0). Mais lui n’est pas en tribune, ni au stade. Il est à Rome, pour suivre une autre finale. À peine quelques secondes après le but du 3-0 signé Savicevic, dans le noble palais Madama, le président du Sénat italien, Scognamiglio Pasini, annonce que la coalition de centre-droit Polo delle Libertà (le Pôle de la liberté, PDL) a obtenu la confiance de la chambre haute italienne (159 voix contre 156) pour former le premier gouvernement Berlusconi. Un double triomphe. « Je suis ici et en même temps, il y a une équipe qui porte haut le nom de l’Italie et gagne une Coupe des champions », s’enthousiasme le nouveau président du Conseil.(1)
Le ballon rond pour mieux rebondir
Pendant presque vingt-cinq ans, football et politique se sont mélangés dans la vie de Silvio Berlusconi, comme dans celle des Italiens. Pourtant, l’apparition sur le terrain politique de l’homme d’affaires milanais a été davantage une décision contrainte par la situation économique italienne au début des années 90 qu’une stratégie de longue date. Cette nuit de mai 1994, à la fois un summum et un tournant, symbolise le mélange entre le sport et la politique, mais il y a fait ses premiers pas dès 1992.
On est à la veille des élections municipales à Milan quand « il Cavaliere » (il a été surnommé ainsi après avoir été fait Chevalier de l’Ordre du mérite du travail en 1977) se prononce sur la situation de la ville : « Il y a beaucoup à faire pour Milan, si j’avais le temps, je me présenterais à la mairie, pour amener la ville où...
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