Pour la carrière d’Éric, j’irai avec l’agent qui m’apportera du concret. » Nous y voilà. Quand cette phrase est prononcée, ça sent mauvais. Cet été-là, j’ai peu de commissions à venir, le petit a du talent, alors pourquoi pas ? Serrons les dents et faisons un beau transfert. « Ce qui compte pour moi, c’est l’école. » Deuxième phrase red flag. Mais je travaille vite et bien. Un mois après avoir signé un contrat avec lui et Gaston, son représentant légal, le joueur est sélectionné en équipe de France et va participer au tournoi de Montaigu, une belle vitrine qui va me faciliter la tâche.

Problème de visa

À la fin du tournoi, j’ai trois propositions. Deux en Premier League, une en Bundesliga. « J’ai une condition dont je ne t’ai pas parlé. Je veux accompagner Éric, vivre avec lui et je ne suis pas Français. Donc l’Angleterre, pas possible, je n’aurai pas de visa. » Peut-être eut-il fallu aborder ce sujet avant ? Faire rater deux belles opportunités à ton gosse, surtout quand on sait dans quelle pauvreté tu vis, Gaston ? «Oh, moi, Jennifer, je suis comme une belle femme, j’irai au plus offrant ! »

s’esclaffe-t-il. Je réponds, agacée : «Non, ça, Gaston, c’est une prostituée. »

Le plus offrant ? Un club allemand, un projet sportif exceptionnel, reconnu mondialement pour son recrutement de jeunes prospects. Tout était organisé, avec un contrat longue durée extrêmement lucratif pour ce jeune joueur qui avait grandi jusque-là dans une grande précarité. Des perspectives sportives et des installations incroyables. Une offre en or. « OK, Jennifer, le contrat d’Éric est bien… mais pour moi ? Je voudrais aussi un appartement, une berline, un minibus. » Un MINIBUS !?! Il m’expliquera plus tard qu’il devait lui servir à se faire élire président...