Stade Louis Lumière, Paris, 20e arrondissement. Le coup d’envoi de ce match U9 est donné depuis à peine une vingtaine de secondes qu’un papa se poste le long de la touche et commence à beugler : « Allez, tout de suite, pressing, on va les chercher ! » ; « Mais nooooon, pas comme ça, les passes ! » Suivi d’un « Concentrez-vous, vous faites n’importe quoi, là ! » Pas de doute, c’est lui, notre José-Pep du jour… C’est le même cinéma depuis quatre ans que j’accompagne mon fils à ses matchs, le même qu’il y a vingt ans, quand j’entraînais des benjamins. Tous les samedis, un père de famille se croit obligé d’enfiler le costume du coach qu’il n’est pas et parasite ce qui n’est qu’une partie de foot entre mômes. C’est rarement méchant ou agressif, juste pénible et délétère, le plus souvent à côté de la plaque, systématiquement gênant et contre-productif.
Ce jour-là, une maman ose gentiment taquiner le daron envahissant :
« T’es coach, toi, maintenant, Antoine ?
- Nan, mais c’est pour aider… »
Eh bien non, Antoine, tu n’aides pas, bien au contraire. Ce genre d’intervention est même problématique. Car quand bien même ces conseils seraient avisés, le dadsplainning fait de gros dégâts. Tiraillé entre un père qui lui dit « shoote » et un entraîneur « passe », un enfant ne sait évidemment plus à quel saint se vouer, perd ses moyens et par là même ce qu’il a de plus précieux pour encore quelques années, son innocence, son instinct, sa joie de jouer. Ces interférences mettent aussi les entraîneurs en porte-à-faux et brouillent autant leurs légitimes consignes que le cadre qu’ils instaurent.
Notre ami Antoine tolérerait-il qu’un intrus pénètre en salle de réunion pour intimer l’ordre à ses équipes de se concentrer...
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