En terminant Les reclus, une famille sous emprise, l’excellent documentaire de Canal+, m’est apparu comme une évidence : ce Thierry-là, c’est Gérard. Thierry, c’est Thierry Tilly. Dirigeant d’une société de nettoyage industriel, après cinq autres qu’il a coulées, il s’immisce dans la famille De Védrine, riche famille protestante anoblie du Sud-Ouest (tiens, tiens), jusqu’à en téléguider les membres à distance et siphonner leur fortune. Gérard, c’est Gérard Lopez. Et lui aussi en connaît un rayon en matière de nettoyage industriel.
Multimillionnaire grâce à un investissement inspiré dans Skype, au début des années 2000, Gérard est fâché avec le sport. Lotus ? Dans le mur. Lille ? Champion sans lui, chassé par ses créanciers. Mouscron ? RIP. Boavista ? Maintien et salaires sont assurés à la dernière seconde. Bordeaux ? En état de mort cérébrale à son arrivée, les Girondins ont vivoté grâce aux bons soins du docteur Lopez. Déclassé sportivement, exsangue financièrement, le club n’a longtemps dû son salut qu’à la générosité et l’ingéniosité financière de son ex-sauveur. Et si, finalement, c’était ça l’essentiel, pour Gérard ? Que la seule planche de salut soit un recours systématique, voire maladif, au gourou actionnaire ?
Thierry et Gérard ont fait leur cette stratégie militaire : exfiltrer et mettre au ban tout opposant. Là où Thierry fait excommunier un gendre suspicieux, Gérard punit journalistes sceptiques et partenaires récalcitrants. Pour diviser, il faut séduire, et pour rallier à une cause, quoi de mieux que s’inventer un ennemi imaginaire. Moins fantaisiste que Thierry, qui parvient à convaincre un obstétricien, une cheffe d’entreprise et un cadre d’entreprise pétrolière qu’ils sont poursuivis par une secte pédophile, Gérard ne manque jamais une opportunité de rejouer le « seul contre tous ». La LFP ? Jalouse de son triomphe, à crédit, qui a mis fin à l’hégémonie parisienne. La...
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