Construire un groupe de mecs qui vont vivre ensemble pendant onze mois, c’est ça, le job du directeur sportif. Il doit créer une atmosphère, encourager les interactions, guetter les complémentarités. Ces conditions sont indispensables pour qu’ensuite vingt-cinq bonshommes, plus les cinq du staff, avec chacun ses soucis, ses projets, sa personnalité, travaillent en toute quiétude. On ne recrute pas un joueur ou un entraîneur, non, on recrute d’abord un homme.

J’aime suivre mon équipe au quotidien, en particulier lors des cinq semaines de préparation. C’est le moment où l’on distingue les premières affinités, les premiers automatismes sur et en dehors du terrain. Les gars restent-ils à table après le déjeuner ? Quel est le niveau sonore à table ? Rigolent-ils ? Ensuite, il y a les activités de team building. L’année dernière, on a fait un paintball, cette année un boot-camp, façon militaire. Qui est suiveur ? Qui entraîne ? Qui est discret ? Qui sont ceux qui vont se lever quand l’équipe sera à terre ? Et ceux qui resteront humbles quand l’équipe va gagner ? Tu ne peux pas avoir que des introvertis ou des grandes bouches dans ton équipe. Il faut arriver au bon mix, en équilibrant les personnalités, les âges, les caractères. C’est pour ça que la présaison est un moment très important. On est 24 h sur 24 ensemble, tu apprends à connaître les autres.

Le plaisir, il est dans le fait d’arriver à convaincre les joueurs et les entraîneurs que le projet sportif que tu leur proposes est celui qui leur permettra d’atteindre leurs objectifs. Mais attention, les acteurs doivent comprendre et accepter que les objectifs personnels dépendent des objectifs communs du groupe. Pendant les causeries du coach, par exemple, j’aime bien me placer à un endroit où j’observe la réaction des joueurs au...