On fait parfois de drôles de rencontres en payant sa place de parking à l’horodateur. Surtout dans la Bismarckstrasse, à Kaiserslautern, haut lieu du souvenir pour les passionnés de foot allemand. Devant le parcmètre, un homme s’approche et dit, devinant la raison de notre regard curieux vers une maison d’angle, Bismarckstrasse 24 : « Eh oui, c’était là… » Il s’appuie sur une canne et avance difficilement. Mais il prend le temps de se retourner pour regarder dans la même direction, en silence. Une plaque commémorative jouxte l’entrée d’un restaurant désaffecté : « Ici naquit et vécut Fritz Walter (1920-2002), champion du monde 1954 et champion d’Allemagne avec Kaiserslautern en 1951 et 1953. » Derrière ses volets clos, la bâtisse rose pâle ressemble à une résidence secondaire au mois de septembre. Il y a quelques années, on servait encore à manger dans cette « stammhaus ». Aujourd’hui, la maison est sans vie. Avant de franchir la porte de la brasserie située de l’autre côté de la rue, le vieil inconnu dit : « Moi, j’étais gardien de but. J’ai joué avec les frères Walter. » L’information est invérifiable, mais on le croit sur parole.
À une heure et demie de Metz, Kaiserslautern est une ville de province sans problème, hiératique, bourgeoise, un brin rigide et sage comme sa voisine française. Les rues sont propres et semblent toujours désertes. Ici, on paie son parking et on vit dans le souvenir d’une autre époque. En France, on connaît...
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