Ce 3 février 2022, à 22 h 36, l'Égypte et le Cameroun s'apprêtent à sceller le sort de leur demi-finale de la CAN aux tirs au but. Les Camerounais joignent leurs mains pour prier le dieu des chrétiens. Les Égyptiens posent leur front sur la pelouse pour le sujud et implorent les grâces du dieu des musulmans. Tout au long de cette 32e Coupe d'Afrique des nations, les prières en public, chrétiennes comme musulmanes, ont ponctué les matchs. Il y a une vingtaine d'années que, dans les vestiaires, les marabouts et les féticheurs ont cédé la place aux imams, aux prêtres et aux pasteurs. Les religions ont pris le pas sur les croyances. Et ça se voit. Au Cameroun, plus que jamais auparavant, la compétition a tracé une ligne entre les deux grandes religions du continent, le christianisme et l'islam.
Pourquoi l'animisme, ce terme générique popularisé par les colons blancs au début du XXe siècle, leur a-t-il laissé cette place en mondovision ? L'historien des religions Jean-François Colosimo a un début de réponse : « Depuis le début des années 1980, le salafisme d'une part, l'évangélisme de l'autre ont pris une dimension très importante en Afrique. Dans les deux cas, ce sont des écoles de piété qui créent une proximité entre le croyant et son dieu et récompensent la prière. Dès lors, un match de football, comme toutes les épreuves de la vie, est un jugement de Dieu. Gagner ou perdre est presque décorrélé de la valeur technique des joueurs, qui compte bien moins que la piété des hommes. »
Claude Le Roy connaît l'Afrique comme personne. En trente-sept ans, il a été sélectionneur, entre autres, du Cameroun, du Sénégal, du Congo, du Ghana et du Togo. « J'ai toujours connu les prières avant les entraînements ou avant les matchs,...
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