Les joueurs sont des actifs. » Piètre directeur sportif, Bruno Cheyrou a pour une fois un éclair de lucidité. Ces quelques mots en forme d’évidence déclenchent pourtant l’indignation du goleador  Moussa Dembélé, sur fond de métaphores esclavagistes douteuses.

N’en déplaise au buteur buté, la sacralisation du joueur-actif remonte à 2004, date de l’entrée en vigueur de l’obligation pour les clubs d’amortir les indemnités de transfert. Soucieux de valoriser des actifs achetés de plus en plus cher, les présidents poussent pour comptabiliser la valeur d’acquisition et l’amortir de façon linéaire tout au long du contrat. Il s’agit de mettre un terme au freestyle des années fric, où le joueur était valorisé au gré du vent et des humeurs.

Cas pratique : payé une vingtaine de millions d’euros au crépuscule du mercato 2018, Dembélé signe un contrat de cinq ans. En 2022, au moment de sa maladroite sortie, sa valeur nette comptable (VNC) s’élève à 4 millions d’euros (soit

20 - 4 - 4 - 4 - 4). La VNC fait et défait les effectifs. Cet acronyme barbare sert de base au calcul des plus-values, qui permettent de passer sous les fourches caudines du fair-play financier de l’UEFA en réduisant, de manière artificielle, le déficit enregistré.

La réalité comptable prend le pas sur la réalité tout court

Un œil sur WyScout, l’autre sur Excel, Pablo Longoria jongle avec le VNC comme au cirque Pinder. Dans la vente de Caleta-Car, le profane voit un naufrage économique – acheté 19, il est revendu 8. Pourtant, l’opération a été comme une bouffée d’air frais dans le bilan. Caleta-Car est au club depuis quatre ans. Sa VNC infime a permis à l’OM d’engranger une coquette plus-value de 4 millions d’euros. La réalité comptable prend le pas sur la réalité tout court.

Autre absurdité de la règle,...