On n’est pas des frères ! » Ce cri du cœur est signé Rafik Saïfi. Le 11 novembre 2009, la sélection algérienne pose ses valises en Égypte pour un match décisif de qualification au Mondial 2010. Résultat : un bus lapidé, des joueurs algériens ensanglantés et des images diffusées dans le monde entier. La rencontre qui doit avoir lieu trois jours plus tard, le 14 novembre, est pourtant maintenue. La sécurité des Algériens est assurée par des véhicules blindés de l’armée égyptienne. L’Égypte doit gagner par trois buts d’écart pour se qualifier. 2 minutes de jeu, 1-0. 93 minutes plus tard, le but libérateur… pour les Pharaons. L’explosion du stade International fait trembler la terre. 90+6, les locaux ratent la balle de la qualification. Score final, 2-0. L’égalité est parfaite dans le groupe C. Un match d’appui doit avoir lieu au Soudan.

Les Algériens n’oublient pas

Comment deux pays qui partagent la même langue, la même religion, la même passion du jeu en sont-ils venus à un tel degré de haine ? Les premières rancœurs remontent à la Guerre d’indépendance algérienne. En 1958, pour attirer l’attention sur ses aspirations nationalistes, le Front de libération national (FLN) crée sa sélection, indépendante de la FIFA. Des stars de l’équipe de France, comme Rachid Mekhloufi ou Mustapha Zitouni, pourtant appelées à jouer le Mondial en Suède avec les Bleus, mettent entre parenthèses leur carrière pour la rejoindre. Illégale, l’équipe en est réduite à affronter quelques pays arabes et sélections du bloc de l’Est. Indépendante depuis 1922, l’Égypte cède aux pressions de la FIFA et refuse d’affronter ses frères arabes. Les Algériens n’oublieront pas.

Entre 1962, année de l’indépendance de l’Algérie, et 1989, les confrontations décisives et les incidents sont rares, comme cette bagarre lors d’un match qualificatif pour les JO de 1984. Mais...