Gelsenkirchen, Allemagne de l’Ouest, 18 juin 1974. Les 30 500 spectateurs réunis au Parkstadion assistent à la déroute de l’équipe du Zaïre. Déjà menés 2-0 par les magiciens yougoslaves après quatorze minutes de jeu, puis 6-0 à la mi-temps, les Léopards du général Mobutu sont finalement battus 9-0. L’un des plus lourds scores de l’histoire de la Coupe du monde, que ne peut leur envier que le Salvador, écrasé par la Hongrie 10-1 en 1982. Les premiers participants de l’Afrique subsaharienne à une phase finale de Coupe du monde n’ont pas fait mieux dans les deux autres matchs, défaits 2-0 par les Écossais (2-0), avant de terminer la compétition sur un 3-0 infligé par des Brésiliens pourtant convertis au réalisme tactique. Bilan de la campagne : quatorze buts encaissés, zéro marqué.
Faire fructifier l’héritage colonial
L’équipe au maillot vert, sur lequel est imprimée une superbe tête de léopard, l’animal fétiche de Mobutu Sese Seko, pouvait pourtant compter sur l’appui de son dictateur de président. Arrivé au pouvoir en 1965 avec le soutien de la CIA, il s’est efforcé, comme d’autres, d’ériger sa légende sur le sport. Dans une Afrique qui se construit aussi autour du ballon rond, à travers la Confédération africaine de football (CAF) et la Coupe d’Afrique des nations (CAN), les leaders et les guides assoient leur hégémonie sur les terrains de football bosselés et pelés. Pour y parvenir, Mobutu s’est appuyé sur l’héritage colonial. La férule belge sur le Congo a été rude, mais le pays en a hérité un consistant legs sportif. Des missionnaires, comme le père flamand Raphaël de la Kethulle de Ryhove, ont évangélisé par le football, avec succès. En 1960, l’année de l’indépendance, la fédération de football du Congo-Kinshasa compte 7 500 licenciés et dispose d’une enceinte moderne de 70 000 places éclairée...
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